Il suffit de penser à May B ou à Turba, pour ne citer que ces deux pièces emblématiques,
pour constater à quel point l'écriture chorégraphique de Maguy Marin et son univers scénique
se construisent en dialogue avec des textes, qu'il s'agisse de textes dramatiques – l'œuvre de
Beckett dans May B et Cap au Pire –, poétiques3 ou philosophiques, comme le De rerum
natura de Lucrèce dans Turba. Quand nous échangeons avec la chorégraphe sur les figures
qui influencent ses créations, les mêmes noms reviennent souvent, comme des mémorants :
Hannah Arendt, Aby Warburg, Walter Benjamin, Miguel Benasayag, Gilles Deleuze, Giorgio
Agamben, Jean-Luc Nancy, Georges Didi-Huberman, Harun Farocki ou encore, autour de
Ligne de crête, sa dernière création, Spinoza, Marx et Frédéric Lordon.
Nous avons donc pensé cette journée comme un espace d'étude du dialogue entre Maguy
Marin et des penseuses et penseurs, qu'ils soient poètes, philosophes, sociologues,
économistes, spécialistes d'esthétique, dramaturges, metteurs en scène, chorégraphes,
cinéastes, musiciens, plasticiens, etc. Nous souhaitons ainsi mettre en mouvement la
dramaturgie et l'esthétique de la chorégraphe en les confrontant à d'autres pensées et à
d'autres esthétiques, dans un jeu d'associations entre la chorégraphe et ses « doubles » - que
ces derniers aient été consciemment convoqués par l'artiste ou qu'une nouvelle association
paraisse pertinente à la chercheuse ou au chercheur pour penser sa danse.